Évaluer les effets des poissons exotiques envahissants sur les moules d’eau douce indigènes du Saint-Laurent
Contexte et description du projet
La situation de plusieurs espèces de moules d’eau douce du Saint-Laurent est précaire : six se trouvent sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables en vertu de la législation québécoise, et une autre est considérée comme en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Parmi les facteurs qui nuisent à leur population, mentionnons la dégradation des habitats, la détérioration de la qualité de l’eau, les changements climatiques et l’introduction d’espèces invasives. Les moules d’eau douce sont également sensibles aux perturbations qui surviennent dans les communautés de poissons. En effet, plusieurs espèces de poissons jouent un rôle méconnu mais crucial dans la reproduction et la dispersion des moules d’eau douce puisqu’elles « incubent » leurs larves, appelées « glochidies », sur leurs branchies, leur peau ou leurs nageoires. L’arrivée de poissons exotiques, comme le gobie à taches noires, pourrait compromettre ces relations privilégiées que les moules entretiennent avec leurs poissons hôtes naturels.
Le but de ce projet de recherche est d’évaluer l’hypothèse selon laquelle le gobie à taches noires agirait comme hôte « imposteur » pour les larves de certaines espèces de moules indigènes et nuirait à leur recrutement et à leur dispersion. La situation pourrait aussi être inverse : le gobie pourrait s’avérer un hôte compatible pour les larves de moules, qui s’en trouveraient ainsi favorisées.
Résultats
Le projet a permis de découvrir que le gobie à taches noires n’est pas un hôte compétent pour incuber les larves de la lampsile rayée, une espèce de moule d’eau douce commune du fleuve Saint-Laurent. Cette découverte indique que ce poisson exotique envahissant est susceptible de perturber la reproduction et la dispersion des moules.
Pour mener cette étude, les scientifiques impliqués dans le projet ont élaboré une méthodologie qui permet de tester la capacité des poissons exotiques à incuber les larves de moules indigènes. Ils ont également mis au point un outil d’identification des espèces de larves qui permet de les différencier les unes des autres, et ce, en analysant leur séquence d’ADN. Cet outil est prometteur puisqu’il permettra d’identifier les hôtes naturels les plus importants pour le cycle vital des moules d’eau douce présentes dans le bassin versant du fleuve Saint-Laurent. Deux articles scientifiques présentant les résultats du projet sont en cours de rédaction.
Ministères participants
Gouvernement du Canada
- Environnement et Changement climatique Canada
Gouvernement du Québec
- Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
- Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs