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Les espèces végétales exotiques envahissantes des milieux humides du Saint-Laurent

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État de l'indicateur : Intermédiaire

État actuel : Intermédiaire*
Tendance : Stable*
* Ces constats varient en fonction des espèces et des secteurs.

Faits saillants

Cette fiche synthèse dresse le bilan de l’évolution de la situation des espèces végétales exotiques envahissantes (EVEE) des milieux humides du Saint-Laurent au cours des années 2008 à 2014. L’état actuel du Saint-Laurent quant à l’invasion des EVEE est jugé intermédiaire. La tendance des EVEE, évaluée selon un intervalle de trois ans écoulés entre chaque prise de données, est jugée stable. Ces constats varient toutefois en fonction des espèces et des secteurs.

Problématique

Une espèce exotique envahissante (EEE) est un végétal, un animal ou un microorganisme (virus ou bactérie) introduit hors de son aire de répartition naturelle, ayant la capacité de s’y établir avec succès et dont la propagation peut avoir des conséquences écologiques, économiques et sociales importantes. Les impacts des EEE sur les écosystèmes sont souvent majeurs et irréversibles; celles-ci constituent donc une menace réelle pour la biodiversité, notamment pour les espèces menacées et vulnérables, ainsi que pour l’intégrité des écosystèmes. La présence des EEE est un enjeu de plus en plus préoccupant à l’échelle mondiale pour les écosystèmes aquatiques et riverains, tant dans les milieux marins que dans les milieux d’eau douce. En plus de la biodiversité, plusieurs domaines d’activité socioéconomique d’importance, tels que les pêcheries récréative, commerciale et de subsistance, ainsi que plusieurs activités récréotouristiques, peuvent être touchées par les EEE. En diminuant la qualité et les attraits de ces activités, les EEE peuvent causer des pertes de revenus et engendrer des dépenses importantes et récurrentes en prévention ou en contrôle, lorsque de telles mesures sont possibles.

Caractéristiques

Les plantes considérées comme des EEE ont des attributs qui favorisent leur établissement et leur propagation dans un nouvel environnement. Ces espèces sont généralement tolérantes à différentes conditions environnementales, ont une croissance et une reproduction rapides et jouissent d’une bonne capacité d’adaptation à divers milieux. Elles ont souvent peu ou pas de prédateurs, de parasites et de compétiteurs pour limiter leur abondance.

Vecteurs d’introduction et de propagation

Les EVEE peuvent être introduites dans un nouvel environnement et se disperser de différentes façons. Le mécanisme qui permet le mouvement d’une espèce de son point d’origine vers une nouvelle région est appelé « vecteur d’introduction ou de propagation ». Bien que leur introduction et leur dispersion puissent résulter de phénomènes naturels tels que les courants, les inondations, le vent ou la migration d’organismes, ce sont surtout les activités humaines qui en sont responsables. Parmi les principaux vecteurs d’origine anthropique, mentionnons l’horticulture, la navigation commerciale et de plaisance et l’aquariophilie. De plus, tout remaniement de la végétation ou des sols peut créer un milieu propice à l’installation et à l’expansion de colonies d’EVEE. Les vecteurs anthropiques confèrent aux EVEE une capacité de dispersion qui dépasse leurs capacités naturelles.

Programmes de suivi

Dans le cadre du Plan d’action Saint-Laurent, différents indicateurs ont été élaborés par les ministères provinciaux et fédéraux afin de faire le suivi des EEE du Saint-Laurent. Ces indicateurs ont été conçus à partir des programmes de suivi : 1) des espèces aquatiques envahissantes en milieu marin; 2) des EVEE des milieux humides; et 3) des espèces animales aquatiques envahissantes en eau douce. La présente fiche vise à dresser le bilan du suivi des EVEE des milieux humides du Saint-Laurent réalisé en collaboration avec les collectivités entre 2008 et 2014.

Réseau de suivi des EVEE des milieux humides

Le réseau de suivi des EVEE des milieux humides du Saint-Laurent vise à faire le portrait de la répartition et de l’abondance des principales EVEE et à évaluer leur évolution dans le temps. Il repose sur un réseau de suivi déployé en collaboration avec les collectivités. Le territoire visité s’étend de la frontière américaine jusqu’à l’estuaire maritime. Il est subdivisé en sept secteurs (figure 1), chacun étant couvert par un organisme partenaire. Entre 2008 et 2014, les comités des zones d’intervention prioritaire (ZIP) du Haut Saint-Laurent, Jacques-Cartier (secteur de Montréal), des Seigneuries (depuis 2012; secteur de Contrecoeur), du lac Saint-Pierre, des Deux-Rives (secteur de Trois-Rivières) et du Sud-de-l’Estuaire (depuis 2014), ainsi que la Société d’aménagement de la baie Lavallière (SABL), ont effectué le suivi de plus de 380 sites répartis en eau peu profonde, dans les hauts et bas marais ainsi que dans les marécages arbustifs et arborés. Les espèces suivies sont l’alpiste roseau (Phalaris arundinacea), le butome à ombelle (Butomus umbellatus), la châtaigne d’eau (Trapa natans), l’hydrocharide grenouillette (Hydrocharis morsus-ranae), le myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum), la renouée du Japon (Reynoutria japonica), le roseau commun (Phragmites australis var. australis) et la salicaire commune (Lythrum salicaria).

Le plan d’échantillonnage prévoit une visite des sites aux trois ans. Entre 2008 et 2014, deux cycles d’échantillonnage ont été réalisés et 209 sites ont été échantillonnés à deux reprises, la première visite ayant eu lieu entre 2008 et 2010 et la seconde entre 2012 et 2014, tandis que 177 sites ont été échantillonnés à une seule reprise. Au total, près de 600 stations d’échantillonnage ont été effectuées.

Photo : Roseau commun

Photo : Roseau commun

Photo : Salicaire commune

Photo : Salicaire commune

Photo : Alpiste roseau

Photo : Alpiste roseau

Photo : Renouée du Japon

Photo : Renouée du Japon

 

Photo : Hydrocharide grenouillette

Photo : Hydrocharide grenouillette

Butome à ombelle

Photo : Butome à ombelle

Myriophylle à épis

Photo : Myriophylle à épis

La châtaigne d'eau

La châtaigne d’eau est une EVEE redoutable qui se reproduit rapidement et forme de denses tapis flottants à la surface de l’eau. Bien qu’aucune colonie de cette espèce ne soit connue le long du Saint-Laurent, elle est à surveiller. D’importantes zones d’infestation sont présentes dans la rivière du Sud, tributaire de la rivière Richelieu, ainsi que dans le lac des Deux-Montagnes, un élargissement de la rivière des Outaouais. Des efforts de contrôle, déployés depuis 2000, ont réduit son abondance dans les sites infestés et ont permis de limiter sa propagation. Cependant, une surveillance et la poursuite des activités de contrôle demeurent nécessaires.La châtaigne d'eau

Photo : Châtaigne d'eau

Figure 1. Sites visités par les partenaires dans les différents secteurs du réseau de suivi des espèces végétales exotiques envahissantes des milieux humides du Saint-Laurent durant la période 2008-2014

Données récoltées et traitement

À chaque station d’échantillonnage (mesurant 50 mètres par 100 mètres), une estimation du recouvrement de chaque EVEE (proportion de la superficie de la station occupée par l’espèce) est effectuée selon cinq classes : 0 % (espèce non observée); de 1 à 25 %; de 26 à 50 %; de 51 à 75 %; plus de 75 %. À partir de ces données, l’indice d’abondance des EVEE et le degré d’envahissement sont calculés (voir l’encadré sur les mesures clés). Les données récoltées comprennent également le type de milieu humide présent, les principales plantes dominantes et les perturbations du milieu (Environnement Canada, 2010).

Ces données ont été traitées afin de dresser le portrait de l’état actuel et de la tendance dans le temps des EVEE dans les milieux humides du Saint-Laurent. L’état actuel a été établi en fonction des données d’inventaire de la visite la plus récente de chaque site entre 2008 et 2014, tandis que, dans le cadre de l’évaluation de la tendance, seules les données des sites visités à deux reprises entre 2008 et 2014 ont été utilisées. Il n’y a donc aucune analyse de tendance pour les secteurs de Contrecoeur et du sud de l’estuaire moyen et maritime, dont le suivi a démarré respectivement en 2012 et en 2014.

Mesures clés

Les mesures clés suivantes ont été utilisées afin de dresser un portrait de la situation des EVEE des milieux humides du Saint-Laurent par espèce, par secteur et pour l’ensemble du territoire couvert par le réseau de suivi.

Recouvrement par espèce

L’abondance d’une EVEE est d’abord évaluée à l’échelle de la station par la mesure du pourcentage de recouvrement de l’espèce (proportion de la superficie de la station occupée par l’espèce) selon cinq classes.

0 % (espèce non observée)1 – 25 % 51 – 75 %51 – 75 %Plus de 75 %

Indice d’abondance par espèce par secteur

L’indice d’abondance d’une EVEE par secteur est évalué en effectuant la moyenne des médianes des classes de recouvrement de l’ensemble des stations d’un secteur. Cet indice est exprimé au moyen de cinq classes allant de « Nul » à « Très élevé ». Les seuils des classes ont été définis de façon arbitraire selon la distribution des valeurs de l’indice d’abondance obtenues. La classe « Nul » correspond à l’absence d’une EVEE dans un secteur, tandis que la classe « Très élevé » indique que l’abondance moyenne de l’EVEE est parmi les plus élevées.

NulFaibleMoyenÉlevéTrès élevé

Degré d’envahissement

Cette mesure renseigne sur l’espace occupé par les EVEE dans les milieux humides échantillonnés, toutes espèces confondues. Elle est d’abord calculée à l’échelle de la station, en effectuant la somme des médianes des classes de recouvrement de toutes les EVEE présentes. Des moyennes sont ensuite établies pour obtenir le degré d’envahissement pour chaque secteur et pour l’ensemble du territoire couvert par le réseau de suivi. Les valeurs du degré d’envahissement sont exprimées au moyen de cinq classes allant de « Nul » à « Très élevé ». Les seuils des différentes classes ont été définis de façon arbitraire selon la distribution des degrés d’envahissement globaux observés. La classe « Nul » correspond à l’absence d’EVEE, tandis que la classe « Très élevé » indique que le degré d’envahissement observé compte parmi les plus élevés et que les EVEE dominent largement le couvert végétal.

NulFaibleMoyenÉlevé

Très élevé

Résultats

Recouvrement et indice d’abondance de chaque EVEE

L’alpiste roseau est la deuxième EVEE la plus fréquemment observée dans les milieux humides échantillonnés, après la salicaire commune. Cette graminée a été rencontrée dans 51 % des stations du réseau de suivi (figures 2, 3 et 4). Elle est présente dans tous les secteurs étudiés et, dans la plupart d’entre eux, son indice d’abondance est moyen ou élevé (tableau 1). Elle est la seule espèce à présenter un indice d’abondance élevé, lorsque tous les secteurs sont pris en compte. Cette EVEE croît surtout dans les hauts marais. Le nombre de stations où l’alpiste roseau a été recensé est demeuré le même entre les deux cycles de suivi, mais son indice d’abondance a changé dans certains secteurs : il a augmenté dans celui du Haut Saint-Laurent et diminué dans ceux de Montréal et de Trois-Rivières.

Recensé dans 40 % des stations, le butome à ombelle est une espèce également fréquente le long du Saint-Laurent (figures 2 et 4). Elle est toutefois absente aux stations d’échantillonnage du secteur du sud de l’estuaire moyen et maritime. Elle croît principalement dans les bas marais où elle est faiblement abondante, sauf dans le secteur du lac Saint-Pierre où son indice d’abondance est considéré comme moyen. La tendance évaluée pour cette espèce est stable dans tous les secteurs sauf dans la baie Lavallière, où une baisse de son indice d’abondance est observée.

L’hydrocharide grenouillette a été recensée dans 21 % des stations (figures 2 et 4). La proportion des stations où elle a été observée varie selon les secteurs, et elle n’a pas été recensée dans le secteur du sud de l’estuaire moyen et maritime. Le plus souvent, le pourcentage de recouvrement de cette EVEE est faible ou moyen, dans des sites en eau peu profonde et de bas marais. La tendance de cette espèce dans le temps est stable dans tous les secteurs.

Le myriophylle à épis a été observé à une trentaine de stations échantillonnées en eau peu profonde, principalement dans les secteurs de Montréal, Contrecoeur et Trois-Rivières (figures 2 et 4). Son pourcentage de recouvrement est variable. Bien que les données d’inventaire montrent un indice d’abondance nul ou faible, il faut être prudent dans l’interprétation de ces résultats, car peu de sites ont été échantillonnés dans les eaux peu profondes, ces sites étant moins accessibles. Les résultats montrent que l’indice d’abondance a peu changé entre les deux cycles de suivi.

La renouée du Japon a été recensée à quelques reprises seulement dans les milieux humides échantillonnés lors du deuxième cycle de suivi (figures 2, 3 et 4). Son indice d’abondance est donc faible ou nul dans tous les secteurs. Il s’agit d’une espèce décrite comme étant très envahissante, et sa présence est connue dans tous les secteurs du Saint-Laurent à l’étude (Groeneveld et coll., 2014; Aubin et Bibeau, 2016). Toutefois, elle se retrouve principalement en rive et dans les milieux terrestres. Sa propagation y est plus récente que celle des autres espèces et elle risque de connaître une augmentation dans les prochaines années.

Le roseau commun a été recensé dans 31 % des stations du réseau de suivi (figures 2, 3 et 4). Son indice d’abondance varie selon les secteurs et il est élevé dans les secteurs du Haut Saint-Laurent et de Montréal. Le roseau commun est aussi l’EVEE la plus préoccupante du sud de l’estuaire moyen et de l’estuaire maritime, selon les données obtenues à la suite d’une première année d’échantillonnage dans ce secteur. L’espèce a été observée dans plusieurs types de milieux humides, principalement les marais et marécages arbustifs. Dans l’évaluation des tendances entre les deux cycles de suivi, le roseau commun est l’espèce dont l’indice d’abondance a connu la hausse la plus importante. Le nombre de sites où il a été observé a pratiquement doublé entre les deux périodes d’inventaire, passant de 34 à 62. Cette tendance à la hausse a été observée dans plusieurs secteurs, à l’exception des secteurs de Trois-Rivières et du lac Saint-Pierre, où l’espèce demeure peu fréquente dans les milieux échantillonnés.

La salicaire commune est l’espèce la plus fréquemment observée dans les milieux humides étudiés, soit dans 62 % des stations (figures 2, 3 et 4). Toutefois, elle domine rarement les stations, et son indice d’abondance est faible ou moyen selon les secteurs. Elle a été observée dans un moins grand nombre de stations en 2012-2014 que lors de la période précédente, et ce, principalement dans le secteur du Haut Saint-Laurent.

Figure 2. Recouvrement des espèces végétales exotiques envahissantes aux stations du réseau de suivi des milieux humides du Saint-Laurent durant la période 2008-2014

Figure 3. Recouvrement des espèces végétales exotiques envahissantes aux stations du réseau de suivi des milieux humides du Saint-Laurent pour le secteur du sud de l’estuaire moyen et maritime en 2014

Recouvrement des espèces végétales exotiques envahissantes aux stations du réseau de suivi des milieux humides du Saint-Laurent pour le secteur du sud de l’estuaire moyen et maritime en 2014
Légende

Figure 4. Proportion des stations d’échantillonnage en fonction du recouvrement des espèces végétales exotiques envahissantes aux stations du réseau de suivi des milieux humides du Saint-Laurent durant la période 2008-2014 (N = 386)

Tableau 1. État et tendance des espèces végétales exotiques envahissantes aux stations du réseau de suivi des milieux humides du Saint-Laurent durant la période 2008-2014

Haut Saint-
Laurent

Montréal

Contrecoeur

Baie
Lavallière

Lac Saint-
Pierre


Trois-Rivières

Sud de
l’estuaire*
Tous les
secteurs
ÉtatTendanceÉtatTendanceÉtatTendanceÉtatTendanceÉtatTendanceÉtatTendanceÉtatTendanceÉtatTendance
Indice d’abondance






Alpiste roseauM+É-ÉndÉ=M=M-FndÉ=
Butome à ombelleF=F=FndF-M=F=NndF=
Hydrocharide grenouilletteM=F=FndF=F=F=NndF=
Myriophylle à épisF=F=FndF=N=F=NndF=
Renouée du JaponNndFndNndNndNndFndFndFnd
Roseau communÉ+É+MndF+F=F=MndM+
Salicaire communeF=F=MndM=M=F=FndM=
Degré d’envahissement par secteurM=É=MndM=M=M-MndM=

* Une seule année d’échantillonage

État : Indice d’abondance par espèce et degré d’envahissement par secteur

N = NulF = FaibleM = MoyenÉ = ÉlevéTÉ = Très élevé

Tendance : Tendance de l’indice d’abondance par espèce entre 2008-2010 et 2012-2014
+: Hausse -: Baisse = : Stable nd: Non disponible (données sur un seul cycle de suivi)

Degré d’envahissement

Les données les plus récentes recueillies entre 2008 et 2014 indiquent que le Saint-Laurent (tous secteurs confondus) et tous les secteurs, à l’exception de Montréal, présentent un degré d’envahissement moyen (tableau 1). Le secteur de Montréal affiche un degré d’envahissement élevé. Sur l’ensemble des stations visitées, 93 % sont touchées par au moins une des EVEE suivies. Environ 3 % des stations présentent un degré d’envahissement très élevé, 33 % ont un degré élevé, 36 % un degré moyen, et 22 % un degré faible (figure 5). Plusieurs des stations qui affichent un degré d’envahissement élevé ou très élevé sont présentes dans les secteurs en amont du Saint-Laurent, alors que ces stations sont peu fréquentes dans les secteurs en aval.

Figure 5. Proportion des stations d’échantillonnage en fonction de leur degré d’envahissement dans les différents secteurs du réseau de suivi des espèces végétales exotiques envahissantes des milieux humides du Saint-Laurent durant la période 2008-2014

Bien que le degré d’envahissement ait connu de légères variations, à la hausse ou à la baisse, dans les différents secteurs entre les deux cycles de suivi (figure 6), la tendance du degré d’envahissement moyen est stable (tableau 1). Le secteur de Trois-Rivières fait exception, puisque son degré d’envahissement a connu la baisse la plus marquée. Le secteur du Haut Saint-Laurent est celui dont le degré d’envahissement a connu la hausse la plus importante. Toutefois, cette hausse n’est pas suffisante pour que le secteur change de classe et pour que la tendance puisse être jugée à la hausse.

Figure 6. Proportion des stations d’échantillonnage en fonction de leur degré d’envahissement dans les différents secteurs du réseau de suivi des espèces végétales exotiques envahissantes des milieux humides du Saint-Laurent durant les périodes 2008-2011 et 2012-2014

Proportion des stations d’échantillonnage en fonction de leur degré d’envahissement dans les différents secteurs du réseau de suivi des espèces végétales exotiques envahissantes des milieux humides du Saint-Laurent durant les périodes 2008-2011 et 2012-2014.

Proportion des stations d’échantillonnage en fonction de leur degré d’envahissement dans les différents secteurs du réseau de suivi des espèces végétales exotiques envahissantes des milieux humides du Saint-Laurent durant les périodes 2008-2011 et 2012-2014.

Discussion et conclusion

Ce bilan de six années d’inventaires (2008-2014), comprenant deux cycles de suivi, met en relief l’importance des EVEE, qui sont présentes dans tous les secteurs du Saint-Laurent étudiés à des degrés d’envahissement moyens, ou à un degré élevé dans le secteur de Montréal. Globalement, la salicaire commune est l’espèce observée au plus grand nombre de stations, et l’alpiste roseau est l’espèce dont l’indice d’abondance est le plus élevé. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus lors d’inventaires des EVEE effectués précédemment dans les milieux humides du Saint-Laurent (Lavoie et coll., 2003; Savage et Jean, 2008).

Pendant les trois années qui séparent les deux exercices d’échantillonnage, l’indice d’abondance de chaque EVEE a varié légèrement, à la hausse ou à la baisse selon les espèces et les secteurs, mais il est demeuré globalement stable. Seul le roseau commun a vu son indice d’abondance augmenter de manière importante dans les milieux humides étudiés, en seulement quelques années. La renouée du Japon est une plante à surveiller. Bien que cette EVEE soit marginalement présente aux stations d’échantillonnage entre 2008 et 2014, le risque qu’elle se propage dans la rive du Saint-Laurent et ses tributaires est jugé élevé.

Les stations fortement envahies lors de la première période d’inventaire ont parfois vu leur degré d’envahissement décroître (figure 6). De plus, l’indice d’abondance de certaines espèces a diminué dans certains secteurs entre les deux cycles d’inventaire (tendance à la baisse dans le tableau 1). Cette diminution des degrés d’envahissement pourrait s’expliquer par la propagation d’une EVEE au détriment d’autres EVEE ou par la perte de milieux humides. Les milieux humides riverains sont des écosystèmes très dynamiques, soumis aux effets des variations du niveau de l’eau. Des niveaux d’eau élevés ont été observés et pourraient avoir diminué le couvert végétal au profit de l’eau libre. Les écarts dans le positionnement des stations sur le terrain entre les deux visites, de même que les différences liées à l’observateur, sont aussi à considérer.

Perspectives

Le réseau de suivi des EVEE déployé en collaboration avec les collectivités est en évolution. De nouveaux partenaires se sont ajoutés pour couvrir de nouveaux secteurs du Saint-Laurent vers l’est. Il s’agit de la rive nord de l’estuaire maritime et du golfe, des secteurs couverts par les comités ZIP de la rive nord de l’estuaire et Côte-Nord du Golfe. De plus, de nouvelles espèces ont été ajoutées aux plantes à surveiller : glycérie aquatique (Glyceria maxima), iris faux-acore (Iris pseudacorus), nerprun bourdaine (Frangula alnus) et rorippe amphibie (Rorippa amphibia).

Pour en savoir plus

Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques – Les espèces exotiques envahissantes, http://www.environnement.gouv.qc.ca/biodiversite/especes-exotiques-envahissantes/index.aspLien externe

Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques – Sentinelle – Outil de détection des espèces exotiques envahissantes, http://www.environnement.gouv.qc.ca/biodiversite/especesexotiques-envahissantes/sentinelle.htmLien externe

Simard, N. 2017. Les espèces aquatiques envahissantes du Saint-Laurent marin. Fiche d’information de la collection « Suivi de l’état du Saint-Laurent », Consulter la fiche

Paradis, Y. 2018. Les espèces animales aquatiques envahissantes en eau douce. Fiche d’information de la collection « Suivi de l’état du Saint-Laurent », Consulter la fiche

Références

Aubin, V. et S. Bibeau. 2016. Comprendre la prolifération de la renouée du Japon sur les rives du Saint-Laurent. Le Naturaliste canadien, 140(2), 19-25. doi:10.7202/1036499ar

Environnement Canada. 2010. Guide de terrain pour le suivi des espèces végétales envahissantes dans les milieux humides du fleuve Saint-Laurent. Plan Saint-Laurent.

Groeneveld, E., F. Belzile et C. Lavoie. 2014. Sexual reproduction of Japanese knotweed (Fallopia japonica S.L.) at its northern distribution limit: new evidence of the effect of climate warming on an invasive species. American Journal of Botany, 101(3), 459-466.

Lavoie, C., M. Jean, F. Delisle et G. Létourneau. 2003. Exotic plant species of the St. Lawrence River wetlands: a spatial and historical analysis. Journal of Biogeography, 30(4), 537-549.

Savage, C. et M. Jean. 2008. Espèces végétales envahissantes des milieux humides du Saint-Laurent. Environnement Canada. Fiche d’information de la collection « Suivi de l’état du Saint-Laurent ».

Sources des données et rédaction

Rédaction : Marie-Eve Tousignant, Direction de la protection des espèces et des milieux naturels, Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Cartographie: Sophie Benoit, Direction de la connaissance écologique, Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Récolte de données : le comité ZIP du Haut Saint-Laurent,
le comité ZIP Jacques-Cartier, le comité ZIP des Seigneuries,
la Société d’aménagement de la baie Lavallière, le comité ZIP du
lac Saint-Pierre, le comité ZIP des Deux-Rives et le comité ZIP du
Sud-de-l’Estuaire.