Documenter la présence des produits pharmaceutiques dans les effluents municipaux de la région de Montréal et évaluer leurs effets sur la faune aquatique
Contexte et description du projet
À elle seule, la station d’épuration de Montréal génère la moitié des eaux usées que le Québec entier rejette dans le Saint-Laurent. On sait que les rejets des effluents urbains constituent une source de pollution importante du fleuve. On sait aussi que ces rejets contiennent de nombreux produits chimiques, dont beaucoup de nouveaux composés qui s’ajoutent d’année en année, incluant quantité de substances pharmaceutiques. Mais on sait encore trop peu de choses sur ce qu’il advient de ces substances dans les stations d’épuration et sur les risques qu’elles entraînent pour l’environnement et pour la santé humaine une fois rejetées dans le milieu.
C’est pour pallier ce manque de connaissances que le PASL a mis sur pied un projet visant à documenter la présence des produits pharmaceutiques dans les effluents de la région de Montréal et à évaluer leurs effets sur la vie aquatique. Le projet comprend toute une série de recherches portant aussi bien sur les substances elles-mêmes et sur leurs produits de dégradation que sur les organismes qu’ils risquent d’affecter dans le fleuve. Les chercheurs se pencheront entre autres sur des substances provenant d’anti-inflammatoires, d’antidépresseurs et d’antibiotiques, dont ils étudieront les effets de l’accumulation dans les tissus d’organismes indicateurs (moules, poissons et oiseaux).
Résultats
Les connaissances sur les effluents et leurs effets sur le Saint-Laurent sont maintenant plus étendues. Ce projet a permis de concevoir et de tester une nouvelle approche multiniveau pour évaluer les effets des effluents municipaux sur les perchaudes du Saint-Laurent. L’étude a démontré que les rejets municipaux ont un réel effet sur la santé des perchaudes qui y sont exposées. De nombreux liens statistiques ont pu être faits entre la présence de contaminants, tels que les composés perfluorés, les retardateurs de flammes, les métaux et les éléments traces, et certaines réponses biologiques de ce poisson. Les conclusions de cette étude ont été publiées dans la revue Science of the Total Environment [1] et dans une fiche synthèse (PDF, HTML) du Plan d’action Saint-Laurent.
Le projet a également mené à la publication d’un deuxième article scientifique dans la revue Science of the Total Environment [2] au printemps 2016. Cet article présente les résultats de la première étude comparative concernant trois processus de dégradation naturelle de deux produits pharmaceutiques répandus dans les eaux de surface : le diclofénac (un anti-inflammatoire) et le sulfaméthoxazole (un antibiotique). Les résultats confirment que les processus de dégradation (soleil, biodégradation en milieu oxygéné ou en milieu non oxygéné) influencent le temps de dégradation de ces produits pharmaceutiques dans l’eau.
Les recherches menées dans le cadre de ce projet ont donc permis d’acquérir une meilleure compréhension du comportement des produits pharmaceutiques et d’autres substances émergentes provenant des effluents municipaux et de leurs effets sur la faune aquatique. Les recherches se poursuivent dans le cadre d’un nouveau projet visant l’évaluation des effets du traitement par ozonation des eaux de la ville de Montréal.
[1] Pour plus d’information, consultez l’article original intitulé « A multi-level biological approach to evaluate impacts of a major municipal effluent in wild St. Lawrence River Yellow Perch (Perca flavescens) » (Science of the Total Environment, 2014, no 497-498, p. 307-318).
[2] Pour plus d’information, consultez l’article original intitulé « Degradation of the pharmaceuticals diclofenac and sulfamethoxazole and their transformation products under controlled environmental conditions » (Science of the Total Environment, 2016, no 557-558, p. 257-267).
Ministères participants
Gouvernement du Canada
- Environnement et Changement climatique Canada
Gouvernement du Québec
- Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques